top of page
Fond-timbres-perfos.jpg
L'Art-jeu L.60mm.png

DÉMARCHE CRÉATIVE

Quelques oeuvres de la Série no1

Quelques explications à propos de mes créations Mail-Art…

C’est au début de l’année 1980, qu’initié par un ami barcelonais, j’ai commencé à correspondre avec plusieurs “Mail-artistes“ (Antoine Laval en Espagne, Pawel Petasz en Pologne, Bill Gaglione et John Held aux USA, Johan Van Geluwe en Belgique…).

Un peu frustré d’envoyer mes créations – sur lesquelles je passais beaucoup de temps - sans espoir de les revoir un jour, j’ai réfléchi à des circuits postaux atypiques, des pistes non explorées qui me permettraient de récupérer mes envois.

Amateur d’Hergé et de Jacobs, j’avais remarqué que ces deux auteurs “classiques” de bandes dessinées donnaient toujours dans leurs histoires les coordonnées précises des personnages au cours de l’intrigue. Tout naturellement, j’ai imaginé de leur écrire pour voir ce qu’il adviendrait de mes expéditions. J’ai donc conçu des enveloppes spéciales, carrées, à chaque fois décorées au recto et au verso dans l’ambiance du personnage destinataire et dans le style de l’auteur de la BD.

Puisant les adresses dans les albums d’Hergé, j’ai adressé des courriers à Tintin (en Écosse, au Pérou, en Belgique), au Capitaine Haddock (boucherie Sanzot, à Moulinsart - Belgique), à Bianca Castafiore (à la Scala de Milan), au Professeur Tournesol, à l’infâme Rastapopoulos, à Tchang Tchong Jen en Chine...

À partir des scénarios de Jacobs, j’ai écrit : au Professeur Mortimer, au Capitaine Francis Blake, au satanique Docteur Septimus, aux Professeurs Labrousse et Grossgrabenstein...

Après un périple hasardeux, parfois de plusieurs mois, ces courriers me sont revenus avec les tampons officiels des villes destinataires, des mentions diverses comme “N’habite pas à l’adresse indiquée”, ainsi que des annotations manuscrites de postiers consciencieux ou complices. “Cette adresse n’existe que dans les albums de Tintin” a écrit un préposé belge sur une enveloppe adressée à Séraphin Lampion !

Contrôle de routine.png

Le tampon que je préfère, bien sur, est “N’habite PLUS à l’adresse indiquée”.

Il constitue pour moi un début de preuve de l’existence d’un personnage fictif !

Mes expéditions, faites en “recommandé”, garantissent une attention vigilante des services postaux et me permettent de protester officiellement en cas de retour tardif.

Ce fut plusieurs fois le cas et j’ai eu ainsi l’occasion de recevoir des postes françaises des courriers très sérieux dans lesquels on m’affirmait que ma réclamation n’était pas fondée car si la lettre ne m’était pas revenue c’est qu’elle avait bien été remise  “en main propre” au Capitaine Blake à l’hôtel Métropole de Bruxelles ou encore au Professeur Bolero y Calamares à l’université de Salamanque !

Ainsi, après une réclamation à la Poste en bonne et due forme, je suis toujours sans nouvelles, par exemple, d’un courrier adressé en 1980 aux “Inspecteurs Dupont et Dupond, Direction de la Sûreté" à Bruxelles, Belgique...

Malgré ce suivi attentif, je déplore au bout du compte, environ 10 % de pertes.

 

À leur retour, ces enveloppes ont pour moi un intérêt à plusieurs niveaux : esthétique bien sur - y compris avec le côté aléatoire du positionnement des tampons postaux - mais aussi affectif, chargées qu’elles sont des traces d’un voyage incertain, souvent long et semé d’embûches...

 

Ces envois “boomerang” à des personnages fictifs constituent ma première série et sont dûment enregistrés...

Photo_2025-01-25_154456.jpg

Dépôt d'un Mail-Art à La Poste, Paris, 1986

Mail Perf.N1-Autopsie.jpg

Mail-Performance : "Autopsie"

S5-N09-Hommage Picasso-IX.jpg

Mail-Performance : "Tribute to Pablo" envoyé contre remboursement au Musée Picasso de Paris

Je travaille en effet par séries et, dans une parodie ludique du fonctionnement administratif, je numérote tous mes envois qui, depuis le N°1 de la 1ère série (adressé à Mickey Mouse aux États Unis), sont consignés dans un grand registre noir qui comporte le descriptif complet de chaque expédition.

Dans ce même esprit, et pour être à la hauteur du réseau postal, j’édite régulièrement mes propres timbres (sans valeur faciale !) et des tampons de ma création (j’en possède plus d’une centaine à ce jour).

J’utilise ces éléments sur tous mes courriers, créant un ensemble graphisme + timbres + tampons qui m’est personnel.

 

Cherchant à surprendre et à m’amuser, tant avec mes correspondants qu’avec les postiers du réseau mondial, j’ai imaginé un concept que j’ai appelé Mail-performances : des envois impliquant une participation active dans la chaîne postale et du destinataire final.

Sur ce schéma, j’ai envoyé à des amis en Espagne une enveloppe “autopsie” qui supposait une pseudo-intervention chirurgicale directement sur l’enveloppe. Dans le scénario expédié au préalable, chaque étape de « l’opération» était précisément définie ainsi que les photos à réaliser. Le matériel nécessaire (gants et masques de chirurgien, champ opératoire, bonnets stériles, bouteille d’éther) était contenu dans l’enveloppe ...

 

Dans cet esprit provocateur, j’ai imaginé d’utiliser la formule de l’envoi “Contre Remboursement” (maintenant peu usité) pour expédier des peintures à des gens qui ne m’avaient rien demandé et leur réclamer, en plus, de l’argent !

J’ai fabriqué des toiles de 49 x 49 cm, le format maximum accepté par la Poste (total des 3 dimensions inférieur à 1 m), marouflées sur bois, que j’ai adressées à des Conservateurs de Musées ...

Un “Tribute to Pablo” au Musée Picasso, un “Hommage à Magritte” au Musée de ce peintre à Bruxelles, un “Tribute to Vincent” au Van Gogh Muséum d’Amsterdam... Il s’agit le plus souvent d’autoportraits, pastiches dans le style du peintre concerné et dont la valeur réclamée contre remboursement est le maximum autorisé par la Poste (3.500 €, par exemple pour Magritte en Belgique !).

Bien entendu, les Conservateurs ne peuvent pas accepter ces envois hors normes d’un farfelu qui tente sans vergogne de leur forcer la main ; et mes toiles me reviennent un moment après avec la mention officielle “REFUSÉ” !

J’ai encore exploré les pistes suivantes :

 

• “Female Envelope” qui consiste à faire voyager par la Poste une enveloppe de forme féminine que j’ai pliée en son milieu, empêchant ainsi la lisibilité immédiate du visuel  pendant le trajet postal ... J’ai ensuite réalisé 4 timbres à l’image de ces enveloppes monochromes.

 

• Pour “Paris Fantasmes”,  j’ai conçu de grands dessins (40 x 50 cm), pliés en leur centre, sur le thème de chacun des 20 arrondissements de Paris.

Ces courriers, expédiés à des adresses symboliques ou fantaisistes (dans le 9ème arrondissement à Melle Eva/ 122 rue de Provence - le célèbre “one-two-two” maintenant disparu - dans le 6ème arrondissement à Sainte Rita/place St Sulpice, dans le 18ème arrondissement à Monsieur Christian, un marabout africain du boulevard Barbès ...) me sont revenus après un petit tour dans les sacoches des postiers parisiens.

 

• “Portraits Mail-Art” : je redessine sur mes photos du destinataire, imprimées sur toile avec une forte pixellisation, j’ajoute des collages, mes timbres et mes tampons et j’envoie le tout plié et correctement affranchi...

Ma récente série “Tribute to Hollywood“ , expédiée à la dernière adresse connue de stars du cinéma américain, est réalisée sur ce concept. 

 

• Dans le cadre d’une exposition qui s’est tenue en décembre 2008 au Sélect puis en 2010 à la galerie Sparts, à Paris, j’ai participé à des créations collectives de Mail-Art avec nombre d’artistes contemporains comme Viallat, Villeglé, Klasen, Truc, Le Cloarec, Dugain, Cueco, Di Rosa, Guyomard, Hosszu, Ljuba, Druillet, Mesnager… ; des peintures de grand format le plus souvent réalisées à quatre mains, dans l’esprit des « cadavres exquis » chers aux surréalistes …

 

J’ai encore fait environ 80 envois à des expositions de Mail-Art dans le monde et environ 150 à des correspondants « Mail-Artistes » occasionnels ou réguliers comme Pawel Petasz en Pologne, John Held, Mike Dickau, Picasso Gaglione, Buz Blurr aux USA, Gyorgy Galantaï en Hongrie, Klaus Groh en Allemagne, Fabio Sassi, Matteo Cagnola, Vittore Barroni en Italie, Dimitri Babenko en Russie, Ryosuke Cohen au Japon, Clemente Padin en Uruguay, Ben, Daligand, Michel Hosszu, Bensidon en France …

 

Enfin, documentariste de profession, j’ai réalisé en 2002 un film TV de 52 minutes « Mail-Art/Art Postal » dans lequel je présente, à travers des exemples vivants, ce mouvement créatif contemporain à peu près inconnu du grand public.

 

 

Christian BALMIER – La Farlede, Var, août 2024

N11-S5-Tribute to ANDY W.jpg
bottom of page